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wolof mandinka

La femme qui pilait en pleine nuit

La femme qui pilait en pleine nuit

Un conte, un conte!

Une femme prénommée Sountou était mariée dans un village. Un jour, elle quitta son foyer en colère et retourna chez ses parents. Le soir venu, ces derniers lui dirent de rentrer auprès de son mari mais la jeune femme refusa. Elle prit des gerbes de mil qui se trouvaient dans le grenier, les mit dans un mortier et se mit à les piler pour séparer les graines des tiges. Elle travailla ainsi toute la nuit, jusqu'au petit matin. Chaque soir, au moment où on la priait de partir, elle reprenait son travail. Ses parents ne savaient que faire pour la convaincre de retourner auprès de son mari.

C'est alors qu'un ami de Sountou vint parler aux parents de la jeune femme: "Ne vous inquiétez pas. Demain, votre fille sera retournée auprès de son mari. Je peux vous en faire la promesse. La nuit prochaine, vous fermerez tous la porte de votre maison et ne l'ouvrirez sous aucun prétexte. Vous verrez qu'au petit matin, tout sera rentré dans l'ordre." A la nuit tombée, tous les habitants du village avaient reçu l'ordre de n'ouvrir leur porte à personne.

Tandis que les habitants de la maison étaient rentrés chez eux, Sountou avait repris son travail nocturne. Elle s'était mise à piler lorsqu'une grosse voix la surprit dans l'obscurité : "Hummm! Ainsi Sountou travaille en pleine nuit? Hmmm...Ainsi Sountou travaille en pleine nuit?" Elle posa son pilon sur le sol, regarda derrière elle mais elle ne vit rien. Elle reprit son pilon et se remit à piler. La chose derrière elle la surprit à nouveau: "Hummm! Ainsi Sountou travaille en pleine nuit!" Cette fois, Sountou jeta précipitamment son pilon et courut en direction de la chambre de sa mère. Elle chanta à voix haute: "Maman... ouvre-moi! Maman... ouvre-moi. Une chose derrière moi me dit... ainsi Sountou travaille en pleine nuit!"

"Nnaa... daa yéleññi. Nnaa, daa yélenni.
Fenné kara foññi ko Suntu la suta ñoo suro dung."

Sa mère lui répondit: "Va-t-en, va-t-en! Il est tard, rentre chez toi!" Sountou appela alors son père:

"Mfaa... daa yéleññi. Mfaa, daa yélenni.
Fenné kara foññi ko Suntu la suta ñoo suro dung."

Son père la chassa aussi. Elle se remit à courir! La chose la poursuivait toujours... Elle alla frapper à la porte de sa grande soeur:

"Nkoto... daa yéleññi. Nkoto, daa yélenni.
Fenné kara foññi ko Suntu la suta ñoo suro dung."

La sœur lui donna la même réponse. Elle courut ainsi de maison en maison mais personne ne lui ouvrit. Elle se retrouva finalement devant la porte de son mari. Comme la chose la suivait toujours, elle se mit à chantonner: "Mmmm...mmm...mmm...mmm!" Le mari, surpris en plein sommeil, garda le silence et attendit. La chose qui suivait la femme dit: "Hummm!". Sountou chanta un peu plus fort: "Mmmm...mmm...mmm...mmm...". Derrière la porte, son mari dit: "J'entends quelque chose au dehors mais je ne comprends pas de quoi il s'agit." La chose était maintenant juste derrière la femme. Prise de panique, elle laissa alors échapper: "Mon mari, ouvre-moi, mon mari, ouvre-moi!"

"Nkéma... daa yéleññi. Nkéma, daa yélenni.
Fenné kara foññi ko Suntu la suta ñoo suro dung."

Reconnaissant sa voix, le mari accepta de lui ouvrir. La chose était sur le seuil de la porte et elle reprit: "Hummm! Ainsi Sountou travaille en pleine nuit!". Sountou supplia alors son mari de refermer la porte derrière elle. "Nkéma... daa tawung ñi. Nkéma, daa tawung ñi. Fenné kara foññi ko Suntu la suta ñoo suro dung." Elle passa cette nuit-là et celles qui suivirent dans la maison de ce dernier.

C'est ainsi que se termine ce conte.

Raonté par Fatoumata Faty, à Banieri

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